Documentaire diffusé sur France 5, 24 minutes - Pays : France - 2015
Notre voyage aérien débutera à la frontière entre la Suisse et l'Italie, sur les rives du Lac Majeur. Nous mettrons ensuite le cap au nord, sur la route de châteaux et villages médiévaux. Une fois passé le col du San Bernardino dans les Alpes suisses, nous arriverons dans l'un des plus petits États d'Europe, le Liechtenstein. Nous y visiterons Vaduz, la capitale, puis nous reviendrons en Suisse. Là, nous nous rendrons à Saint-Gall, une ville à l'architecture médiévale merveilleusement conservée. Et après avoir suivi le Rhin jusqu’à Schaffhouse, nous terminerons ce voyage aux chutes du Rhin qui figurent parmi les plus grandes d’Europe.
Le plus remarquable est celui de Montebello. Il a été bâti sur cette colline vers la fin du XIIIe siècle. Conscients de son importance stratégique, les Ducs de Milan l'ont agrandi et renforcé deux siècles plus tard. Il est associé à de nombreuses légendes, comme celle de Gwendoline, la fille albinos d'un seigneur local. Elle aurait disparu alors qu'elle jouait autour du château et on raconte qu'aujourd'hui encore, on peut l'entendre murmurer dans les forêts des environs.
Le plus ancien château de la ville est le Castelgrande. Il a été construit aux Xe et XIe siècles. Mais sur cette crête rocheuse, les premières installations humaines dateraient d'environ 5000 ans avant J.-C. Sa silhouette imposante trône au cœur de Bellinzone, et ses remparts épousent les contours des terrasses naturelles qui l'entourent. Au Moyen Âge, Castelgrande avait la réputation d'être imprenable et en effet, aucune armée ennemie n'est parvenue à s'en emparer. C'est un glissement de terrain qui, en 1515, a provoqué l'effondrement d'une partie de ses murailles d’origine.
Troisième et dernier vestige des luttes de pouvoir qui agitaient la région : le château de Sasso Corbaro est construit plus en hauteur sur un rocher isolé. Il a été édifié par les seigneurs milanais à la fin du XVe siècle et aujourd'hui, niché au milieu des bois, il continue de dominer la ville.
Les Alpes ont façonné l'histoire de la Suisse et les populations qui y ont élu domicile. Entre les hauteurs, villages pittoresques et anciens relais se succèdent. À environ 1000 m d'altitude, nous arrivons à Santa Maria in Calanca. L'église dédiée à la Vierge date du XIIIe siècle. Le donjon qui la jouxte, plus tardif, a été construit sur les ruines d'un ancien château. Son style architectural est unique dans la vallée. Il semble avoir été inspiré par les donjons du Nord et du Centre de la France.
Un paysage aussi spectaculaire se doit d'avoir son lot de légendes. Les enfants de la région grandissent avec celle des Barbegazi, des gnomes à longue barbe et à fourrure blanche. Ils passent l'été dans des cavernes et, dès l'arrivée de la neige, ils déambulent dans la montagne et skient sur leurs énormes pieds.
Les voies de passage, comme le col du San Bernardino, ont longtemps été les seules voies de communication entre ces régions. Ce col fait le lien entre le canton trilingue des Grisons, où l'on parle majoritairement l'allemand, mais aussi l'italien et le romanche, et le canton du Tessin exclusivement italophone. Il culmine à 2565 mètres et sa route serpente à travers les Alpes. Pendant des siècles, ce n'était qu'un chemin muletier. La première route praticable en diligence a été créée au début du XIXe siècle sous l'impulsion du roi de Piémont-Sardaigne pour protéger et stimuler le commerce régional.
La version moderne compte de nombreux virages en épingle pour éviter des pentes trop inclinées. Malgré ces mesures de sécurité, le col est fermé en hiver car même par beau temps, certaines portions restent dangereuses. Depuis que les Romains ont commencé à sillonner la région, ces routes de montagne ont été décrites comme à la fois magnifiques, sauvages et périlleuses, en raison des éboulements et des torrents.
Les Alpes sont indissociables de l'identité suisse. Elles couvrent la moitié du pays et en font l'un des plus montagneux d’Europe. Les Suisses exploitent cette géographie avec ingéniosité. L'énergie hydraulique qu'ils tirent de leurs cours d'eau fournit plus de la moitié de l'électricité du pays. Ce lac par exemple a été créé suite à la construction d'un barrage électrique.
Les vallées voisines sont surplombées par des pics de plus de 3000 mètres. Les légendes locales racontent qu'elles abritent des dragons et des démons. Certaines fêtes de village continuent de célébrer la majesté de ces montagnes et la victoire sur les créatures magiques qui les habitent.
Dans un registre moins macabre, le château de Rhäzüns a été bâti au dessus du Rhin postérieur. Ses eaux ont la réputation d'avoir des vertus curatives et l'on s'en sert pour traiter diverses maladies comme les rhumatismes. Rhäzüns est l'un des nombreux châteaux médiévaux qui jalonnent les rives du Rhin et de ses affluents. Autrefois les armées devaient progresser en terrain accidenté pour atteindre le château. Mais aujourd'hui, on y vient en téléphérique.
Vaduz, la capitale, se trouve à 8 kilomètres au nord. Le Liechtenstein est le fruit de la réunion de deux petits comtés achetés par la famille du même nom en 1699 et 1712. Et aujourd'hui encore, ses riches descendants règnent sur leur principauté et gèrent leurs affaires depuis cette ville de 5000 habitants. De loin en loin, de petits villages isolés occupent les berges du Rhin. Mais une fois par an, toute la population du pays se rassemble dans les jardins du château de Vaduz pour la fête nationale.
Nous laissons le Rhin derrière nous pour repartir à l’ouest, vers les Préalpes appenzelloises et la Suisse. La géologie a largement contribué à délimiter les frontières du pays. Depuis le Moyen Âge, différentes puissances ont tenté de prendre le contrôle de ces montagnes. Mais celles-ci rendent la Suisse si difficile d'accès qu'aucun envahisseur n'a réussi à y imposer une domination durable. L'existence même de cette nation est intrinsèquement liée aux Alpes.
Avec l'apparition du romantisme vers la fin du XVIIIe siècle, des touristes de toute l'Europe ont commencé à affluer pour admirer ses paysages. Et aujourd'hui, ils viennent du monde entier. Cet hôtel, perché à plus de 1500 m d'altitude, accueille les milliers de randonneurs qui bravent ces montagnes chaque année.
Dans le district d’Appenzell, le temps donne parfois l'impression de s'être figé. La région est considérée comme la plus traditionaliste de Suisse et ses habitants sont fermement attachés à leurs coutumes. Cette mentalité rurale est parfois considérée comme le fondement de l'âme suisse, entre éthique du travail et sens de l’organisation, amour de la nature et solidarité.
Le peu d'implication de la Suisse dans les grands conflits du XXe siècle lui a permis de préserver un grand nombre de ses bourgs médiévaux. Saint-Gall en est un bel exemple. Elle se classe au septième rang des plus grandes villes du pays et c'est aussi la plus haut perchée. Elle est connue depuis le Moyen Âge pour ses textiles et aujourd'hui encore, les maisons de haute couture s'y fournissent en broderies.
En l'an 612, Gall, un moine missionnaire irlandais s'est retiré dans les collines de la région pour y vivre dans le dépouillement avec une poignée de compagnons. Un siècle plus tard, pour honorer sa mémoire, une abbaye bénédictine a été fondée ici sur le site de l'actuelle abbatiale. Elle possède l'une des plus riches bibliothèques médiévales d’Europe.
L'autre grand édifice religieux de la ville est l'église Saint-Laurent. Au XVIe siècle, elle a été au cœur de tensions entre protestants et catholiques, entretenues par le maire et l'abbé de la ville. Aujourd'hui le calme est revenu, et l'endroit est avant tout un lieu de rencontre pour les habitants de la ville.
Constance était une ville importante au Moyen Âge. Elle a joué un rôle majeur pendant le Grand schisme d’Occident, une période trouble où la chrétienté avait deux papes à sa tête, l'un à Rome, l'autre en Avignon. De 1414 à 1418, c'est ici que s'est réuni le concile œcuménique qui a mis fin à cette division. Le lac de Constance est aussi célèbre pour avoir accueilli le premier vol d'un Zeppelin, le 2 juillet 1900. Le dirigeable a parcouru 5 kilomètres au-dessus de l'eau avant de revenir se poser sur le rivage.
Le lac de Constance est en fait constitué de deux lacs indépendants reliés entre eux par le Rhin. Il y a plus de 10 000 ans, des tribus de chasseurs-cueilleurs sillonnaient déjà leurs rivages. Mais c'est seulement à 500 av. J.-C., avec l'arrivée des Celtes, que les premiers villages se sont réellement développés. Plusieurs siècles plus tard, vers l'an 15 av. J.-C., l'ensemble de la région a été englobé dans l'Empire romain. La ville de Stein am Rhein se trouve à l’endroit où l’Untersee, le lac inférieur, rejoint le Rhin.
Sa situation lui a toujours conféré une grande importance stratégique. En février 1945, comme d'autres localités suisses, elle a subi un bombardement américain lors de la phase finale de la guerre. Neuf personnes y ont trouvé la mort et le quartier ouest de la vieille ville a été partiellement détruit. Les bâtiments touchés ont été rapidement restaurés mais en préservant l'unité architecturale de la ville.
La Suisse est restée neutre au cours des deux guerres mondiales mais paradoxalement, cette raison précise en a fait un haut lieu des intrigues diplomatiques, de l'espionnage et de l'accueil des réfugiés. Après avoir traversé les deux guerres en ne subissant que peu de dégâts matériels et humains, son statut de grande plateforme bancaire européenne s'en est trouvé renforcé.
En longeant le Rhin, nous arrivons à Diessenhofen. Bourgade marchande de taille modeste, comparée à d'autres villes bâties le long du fleuve, elle a pris de l'importance au XIIIe siècle sous le règne des Habsbourg. Après cet essor, la population locale s'est battue avec acharnement pour son droit à l'autonomie au sein des différentes confédérations qui ont mené à la création de la Suisse moderne.
Ce pont couvert a été bâti sur le Rhin en 1814 pour remplacer l'ancienne jonction entre Diessenhofen et la ville allemande de Gailingen. Le transit de marchandises entre le nord et le sud s'effectuait déjà ici au XIIe siècle et les droits de passage ont longtemps constitué la principale ressource des deux villes.
Le bâtiment le plus emblématique de la ville est le Munot : 50 m de diamètre, des murailles de 4 m d’épaisseur, des dômes d'artillerie cachés dans les fossés et installés au sommet de l’édifice, c'était une forteresse sophistiquée lorsqu'elle a été mise en chantier en 1564. Mais à son achèvement, 25 ans plus tard, certains doutaient déjà de sa capacité à résister aux progrès de l'artillerie. Elle n’a été mise à l'épreuve qu'une seule fois, en 1799, pendant les invasions napoléoniennes et elle a terminé aux mains des troupes françaises. Au début du XIXe siècle, le bâtiment a été laissé à l’abandon. Puis, à partir de 1826, des travaux de restauration ont commencé.
Ce sont les chutes du Rhin qui constituent la principale attraction de la région. Les marchands et les voyageurs débarquaient à Schaffhouse parce qu'ils y étaient contraints mais beaucoup choisissaient d’y séjourner. Et le fabuleux spectacle qu'offrent ces cascades n'y est certainement pas pour rien. Le panorama n'a quasiment pas évolué depuis cette époque, les aménagements se limitent à de petits moulins à eau et à une poignée d'installations touristiques.
Plusieurs projets de centrales et de barrages hydroélectriques ont été envisagés mais ils se sont systématiquement heurtés à de vives oppositions. À chaque fois, le désir de préserver cette merveille de la nature l’a emporté. Certains ne se contentent pas d’admirer le spectacle. Quelques téméraires ont réussi l'exploit de descendre les chutes du Rhin en kayak. Mais attention ! Ceux qui seraient tentés de les imiter risquent une amende. La nature et l’Homme ont un lien privilégié en Suisse : ces chutes en sont la parfaite illustration.
Les châteaux de Bellinzone
Le Lac Majeur inspire les écrivains depuis des siècles, notamment Ernest Hemingway qui l'a pris pour décor dans la fuite des amants dans l'Adieu aux armes. Plus à l'est, Bellinzone est un important point de passage vers les Alpes. Ce lieu a longtemps suscité des rivalités entre la Suisse et l’Italie. Ces querelles incessantes ont abouti à la construction des trois châteaux qui ceinturent la ville.Le plus remarquable est celui de Montebello. Il a été bâti sur cette colline vers la fin du XIIIe siècle. Conscients de son importance stratégique, les Ducs de Milan l'ont agrandi et renforcé deux siècles plus tard. Il est associé à de nombreuses légendes, comme celle de Gwendoline, la fille albinos d'un seigneur local. Elle aurait disparu alors qu'elle jouait autour du château et on raconte qu'aujourd'hui encore, on peut l'entendre murmurer dans les forêts des environs.
Le plus ancien château de la ville est le Castelgrande. Il a été construit aux Xe et XIe siècles. Mais sur cette crête rocheuse, les premières installations humaines dateraient d'environ 5000 ans avant J.-C. Sa silhouette imposante trône au cœur de Bellinzone, et ses remparts épousent les contours des terrasses naturelles qui l'entourent. Au Moyen Âge, Castelgrande avait la réputation d'être imprenable et en effet, aucune armée ennemie n'est parvenue à s'en emparer. C'est un glissement de terrain qui, en 1515, a provoqué l'effondrement d'une partie de ses murailles d’origine.
Troisième et dernier vestige des luttes de pouvoir qui agitaient la région : le château de Sasso Corbaro est construit plus en hauteur sur un rocher isolé. Il a été édifié par les seigneurs milanais à la fin du XVe siècle et aujourd'hui, niché au milieu des bois, il continue de dominer la ville.
Le Lac Majeur inspire les écrivains depuis des siècles, notamment Ernest Hemingway qui l'a pris pour décor dans l'Adieu aux armes.
Les Alpes ont façonné l'histoire de la Suisse et les populations qui y ont élu domicile. Entre les hauteurs, villages pittoresques et anciens relais se succèdent. À environ 1000 m d'altitude, nous arrivons à Santa Maria in Calanca. L'église dédiée à la Vierge date du XIIIe siècle. Le donjon qui la jouxte, plus tardif, a été construit sur les ruines d'un ancien château. Son style architectural est unique dans la vallée. Il semble avoir été inspiré par les donjons du Nord et du Centre de la France.
Un paysage aussi spectaculaire se doit d'avoir son lot de légendes. Les enfants de la région grandissent avec celle des Barbegazi, des gnomes à longue barbe et à fourrure blanche. Ils passent l'été dans des cavernes et, dès l'arrivée de la neige, ils déambulent dans la montagne et skient sur leurs énormes pieds.
Du tunnel au col du San Bernardino
Les progrès technologiques ont permis de dompter cet environnement inhospitalier. Le tunnel du San Bernardino en est un exemple : il traverse la montagne sur près de 7 kilomètres. Les reliefs suisses, souvent infranchissables, ont largement contribué à la création d'une culture riche et variée avec des identités régionales marquées et différentes langues au sein d'un même pays.Les voies de passage, comme le col du San Bernardino, ont longtemps été les seules voies de communication entre ces régions. Ce col fait le lien entre le canton trilingue des Grisons, où l'on parle majoritairement l'allemand, mais aussi l'italien et le romanche, et le canton du Tessin exclusivement italophone. Il culmine à 2565 mètres et sa route serpente à travers les Alpes. Pendant des siècles, ce n'était qu'un chemin muletier. La première route praticable en diligence a été créée au début du XIXe siècle sous l'impulsion du roi de Piémont-Sardaigne pour protéger et stimuler le commerce régional.
La version moderne compte de nombreux virages en épingle pour éviter des pentes trop inclinées. Malgré ces mesures de sécurité, le col est fermé en hiver car même par beau temps, certaines portions restent dangereuses. Depuis que les Romains ont commencé à sillonner la région, ces routes de montagne ont été décrites comme à la fois magnifiques, sauvages et périlleuses, en raison des éboulements et des torrents.
Les Alpes sont indissociables de l'identité suisse. Elles couvrent la moitié du pays et en font l'un des plus montagneux d’Europe. Les Suisses exploitent cette géographie avec ingéniosité. L'énergie hydraulique qu'ils tirent de leurs cours d'eau fournit plus de la moitié de l'électricité du pays. Ce lac par exemple a été créé suite à la construction d'un barrage électrique.
Les vallées voisines sont surplombées par des pics de plus de 3000 mètres. Les légendes locales racontent qu'elles abritent des dragons et des démons. Certaines fêtes de village continuent de célébrer la majesté de ces montagnes et la victoire sur les créatures magiques qui les habitent.
Le château d'Ortenstein dans le canton des Grisons
C'est dans ce paysage accidenté et presque inaccessible du canton des Grisons que le château d'Ortenstein a été bâti. Ses plus anciennes fondations remontent au XIIIe siècle. Au XVIe siècle, le comte Andreas de Sonnenberg, alors propriétaire des lieux, y a perdu la vie juste pour s'être moqué de la petite taille de son rival le comte Félix von Werdenberg. Poignardé à vingt reprises, le corps du malheureux aurait ensuite été jeté dans le vide.Dans un registre moins macabre, le château de Rhäzüns a été bâti au dessus du Rhin postérieur. Ses eaux ont la réputation d'avoir des vertus curatives et l'on s'en sert pour traiter diverses maladies comme les rhumatismes. Rhäzüns est l'un des nombreux châteaux médiévaux qui jalonnent les rives du Rhin et de ses affluents. Autrefois les armées devaient progresser en terrain accidenté pour atteindre le château. Mais aujourd'hui, on y vient en téléphérique.
Un tout petit pays : le Liechtenstein
En nous dirigeant vers le nord-est, nous arrivons au Liechtenstein. Avec moins de 40 000 habitants, c’est l'un des plus petit pays du monde. Il est entouré par les Alpes et le Rhin et entretient des liens étroits avec la Suisse. Plus loin dans la vallée, le château de Gutenberg surplombe la ville de Balzers. Certaines recherches ont établi que son site aurait accueilli des cultes païens dès le IIIe siècle avant J.-C. Et aujourd'hui encore, on y perpétue des traditions ancestrales. Dans tout le pays, des festivités sont organisées pour le funkensonntag, le dimanche des étincelles. Chaque année, le premier dimanche du Carême, les habitants de Balzers viennent ici pour allumer un brasier. À son sommet, ils placent l'effigie d'une sorcière pour symboliser la mise à mort de l’hiver.Dans tout le pays, des festivités sont organisées pour le funkensonntag, le dimanche des étincelles, chaque année, le premier dimanche du Carême.
Vaduz, la capitale, se trouve à 8 kilomètres au nord. Le Liechtenstein est le fruit de la réunion de deux petits comtés achetés par la famille du même nom en 1699 et 1712. Et aujourd'hui encore, ses riches descendants règnent sur leur principauté et gèrent leurs affaires depuis cette ville de 5000 habitants. De loin en loin, de petits villages isolés occupent les berges du Rhin. Mais une fois par an, toute la population du pays se rassemble dans les jardins du château de Vaduz pour la fête nationale.
Nous laissons le Rhin derrière nous pour repartir à l’ouest, vers les Préalpes appenzelloises et la Suisse. La géologie a largement contribué à délimiter les frontières du pays. Depuis le Moyen Âge, différentes puissances ont tenté de prendre le contrôle de ces montagnes. Mais celles-ci rendent la Suisse si difficile d'accès qu'aucun envahisseur n'a réussi à y imposer une domination durable. L'existence même de cette nation est intrinsèquement liée aux Alpes.
La Suisse et ses bourgades, le long du Rhin
Ce pays, à peine plus grand que la Bretagne, compte trois langues officielles : l'allemand, le français et l’italien, ainsi qu'une langue semi-officielle, le romanche. La Suisse embrasse ainsi des traditions et des cultures très variées. Depuis sept siècles, les suisses résistent aux pressions venues de l'étranger, en grande partie grâce à ces montagnes. Mais cette immense barrière n'est pas qu’une frontière naturelle. Elle constitue aussi une des grandes attractions du pays.Avec l'apparition du romantisme vers la fin du XVIIIe siècle, des touristes de toute l'Europe ont commencé à affluer pour admirer ses paysages. Et aujourd'hui, ils viennent du monde entier. Cet hôtel, perché à plus de 1500 m d'altitude, accueille les milliers de randonneurs qui bravent ces montagnes chaque année.
Dans le district d’Appenzell, le temps donne parfois l'impression de s'être figé. La région est considérée comme la plus traditionaliste de Suisse et ses habitants sont fermement attachés à leurs coutumes. Cette mentalité rurale est parfois considérée comme le fondement de l'âme suisse, entre éthique du travail et sens de l’organisation, amour de la nature et solidarité.
Le peu d'implication de la Suisse dans les grands conflits du XXe siècle lui a permis de préserver un grand nombre de ses bourgs médiévaux. Saint-Gall en est un bel exemple. Elle se classe au septième rang des plus grandes villes du pays et c'est aussi la plus haut perchée. Elle est connue depuis le Moyen Âge pour ses textiles et aujourd'hui encore, les maisons de haute couture s'y fournissent en broderies.
En l'an 612, Gall, un moine missionnaire irlandais s'est retiré dans les collines de la région pour y vivre dans le dépouillement avec une poignée de compagnons. Un siècle plus tard, pour honorer sa mémoire, une abbaye bénédictine a été fondée ici sur le site de l'actuelle abbatiale. Elle possède l'une des plus riches bibliothèques médiévales d’Europe.
L'autre grand édifice religieux de la ville est l'église Saint-Laurent. Au XVIe siècle, elle a été au cœur de tensions entre protestants et catholiques, entretenues par le maire et l'abbé de la ville. Aujourd'hui le calme est revenu, et l'endroit est avant tout un lieu de rencontre pour les habitants de la ville.
Constance et son lac de 536 km²
Plus au nord, de l'autre côté des contreforts alpins, nous arrivons au lac de Constance. Il fait office de frontière naturelle entre la Suisse, l'Allemagne et l’Autriche. Il se trouve à environ 400 mètres au-dessus du niveau de la mer. Il figure parmi les plus grands lacs du centre de l’Europe. De nombreux villages sont implantés au milieu des champs qui bordent son rivage. Le plus grand ensemble urbain des environs est une agglomération transfrontalière de 110 000 habitants. Elle se divise entre Kreuzlingen côté suisse et Constance côté allemand. Et ses commerces ont la particularité d'accepter aussi bien les francs suisses que les euros.Constance était une ville importante au Moyen Âge. Elle a joué un rôle majeur pendant le Grand schisme d’Occident, une période trouble où la chrétienté avait deux papes à sa tête, l'un à Rome, l'autre en Avignon. De 1414 à 1418, c'est ici que s'est réuni le concile œcuménique qui a mis fin à cette division. Le lac de Constance est aussi célèbre pour avoir accueilli le premier vol d'un Zeppelin, le 2 juillet 1900. Le dirigeable a parcouru 5 kilomètres au-dessus de l'eau avant de revenir se poser sur le rivage.
Le lac de Constance fait office de frontière naturelle entre la Suisse, l'Allemagne et l’Autriche et figure parmi les plus grands lacs du centre de l’Europe.
Le lac de Constance est en fait constitué de deux lacs indépendants reliés entre eux par le Rhin. Il y a plus de 10 000 ans, des tribus de chasseurs-cueilleurs sillonnaient déjà leurs rivages. Mais c'est seulement à 500 av. J.-C., avec l'arrivée des Celtes, que les premiers villages se sont réellement développés. Plusieurs siècles plus tard, vers l'an 15 av. J.-C., l'ensemble de la région a été englobé dans l'Empire romain. La ville de Stein am Rhein se trouve à l’endroit où l’Untersee, le lac inférieur, rejoint le Rhin.
Sa situation lui a toujours conféré une grande importance stratégique. En février 1945, comme d'autres localités suisses, elle a subi un bombardement américain lors de la phase finale de la guerre. Neuf personnes y ont trouvé la mort et le quartier ouest de la vieille ville a été partiellement détruit. Les bâtiments touchés ont été rapidement restaurés mais en préservant l'unité architecturale de la ville.
La Suisse est restée neutre au cours des deux guerres mondiales mais paradoxalement, cette raison précise en a fait un haut lieu des intrigues diplomatiques, de l'espionnage et de l'accueil des réfugiés. Après avoir traversé les deux guerres en ne subissant que peu de dégâts matériels et humains, son statut de grande plateforme bancaire européenne s'en est trouvé renforcé.
En longeant le Rhin, nous arrivons à Diessenhofen. Bourgade marchande de taille modeste, comparée à d'autres villes bâties le long du fleuve, elle a pris de l'importance au XIIIe siècle sous le règne des Habsbourg. Après cet essor, la population locale s'est battue avec acharnement pour son droit à l'autonomie au sein des différentes confédérations qui ont mené à la création de la Suisse moderne.
Ce pont couvert a été bâti sur le Rhin en 1814 pour remplacer l'ancienne jonction entre Diessenhofen et la ville allemande de Gailingen. Le transit de marchandises entre le nord et le sud s'effectuait déjà ici au XIIe siècle et les droits de passage ont longtemps constitué la principale ressource des deux villes.
De Schaffhouse jusqu'aux chutes du Rhin
Le long de la frontière avec l’Allemagne, Schaffhouse est la grande ville la plus au nord de la Suisse. Les chutes du Rhin toutes proches marquaient la fin du voyage fluvial pour les marchands du Moyen Âge et Schaffhouse en a profité pour se développer.Le bâtiment le plus emblématique de la ville est le Munot : 50 m de diamètre, des murailles de 4 m d’épaisseur, des dômes d'artillerie cachés dans les fossés et installés au sommet de l’édifice, c'était une forteresse sophistiquée lorsqu'elle a été mise en chantier en 1564. Mais à son achèvement, 25 ans plus tard, certains doutaient déjà de sa capacité à résister aux progrès de l'artillerie. Elle n’a été mise à l'épreuve qu'une seule fois, en 1799, pendant les invasions napoléoniennes et elle a terminé aux mains des troupes françaises. Au début du XIXe siècle, le bâtiment a été laissé à l’abandon. Puis, à partir de 1826, des travaux de restauration ont commencé.
Ce sont les chutes du Rhin qui constituent la principale attraction de la région. Les marchands et les voyageurs débarquaient à Schaffhouse parce qu'ils y étaient contraints mais beaucoup choisissaient d’y séjourner. Et le fabuleux spectacle qu'offrent ces cascades n'y est certainement pas pour rien. Le panorama n'a quasiment pas évolué depuis cette époque, les aménagements se limitent à de petits moulins à eau et à une poignée d'installations touristiques.
Plusieurs projets de centrales et de barrages hydroélectriques ont été envisagés mais ils se sont systématiquement heurtés à de vives oppositions. À chaque fois, le désir de préserver cette merveille de la nature l’a emporté. Certains ne se contentent pas d’admirer le spectacle. Quelques téméraires ont réussi l'exploit de descendre les chutes du Rhin en kayak. Mais attention ! Ceux qui seraient tentés de les imiter risquent une amende. La nature et l’Homme ont un lien privilégié en Suisse : ces chutes en sont la parfaite illustration.
Présentation du documentaire en vidéo