Îles de beautés, les Philippines

Philippines
Documentaire diffusé sur ARTE, 43 minutes - Pays : Allemagne, Royaume-Uni - 2014
Les Philippines, vaste archipel tropical dans le Pacifique ouest, comptent plus de 7000 îles, petites et grandes. Les géologues les classent parmi les plus anciennes de la Terre. Le paysage varié de l'archipel se compose de montagnes, de denses forêts tropicales, de plages et de récifs. Sur ces îles, les côtes maritimes ne sont jamais à plus de 200 kilomètres. L'État insulaire des Philippines se situe entre la Chine au nord et l'Indonésie au sud, dans une région qui fait partie de la redoutable ceinture de feu du Pacifique. Les îles sont nées de typhons dévastateurs, de tremblements de terre et d’éruptions volcaniques. Une vingtaine de volcans sont toujours en activité dans l’archipel.

Les Philippines, l'archipel de la biodiversité

La faune et la flore des Philippines révèlent une variété extraordinaire. Parmi les nombreuses espèces endémiques, on trouve des prédateurs très spécialisés, de toutes tailles. Les denses forêts tropicales de Palawan figurent parmi les biotopes les plus riches en espèces. De forme allongée, l’île de Palawan est bordée par la mer de Chine méridionale, au nord-ouest, et la mer de Sulu, au sud-est. Palawan est la sixième plus grande île des Philippines et la moins peuplée. Une forêt vierge recouvre les pentes de la chaîne montagneuse qui traverse l'île dans toute sa longueur. Sous les cimes des arbres, les branches et plantes grimpantes forment un vrai labyrinthe. Il renferme une source de nourriture idéale pour tous les régimes.

Un mammifère étonnant : le binturong

Ce binturong y trouve son bonheur lui aussi. Animal aux mœurs principalement nocturnes, ce mammifère est difficile à observer. Par son aspect il rappelle à la fois l'ours et la martre. Son corps trapu évoque celui de l’ours et sa tête pointue ressemble à celle de la martre. Mais les apparences sont trompeuses. Le binturong appartient à la famille des viverridés. Il chasse de préférence dans les cimes des arbres. Ses griffes acérées et ses pattes puissantes lui permettent de grimper facilement. Et le binturong dispose d'un atout supplémentaire pour la vie arboricole. Il est le seul placentaire d'Eurasie doté d'une queue préhensile. Grâce à elle, il se déplace plus rapidement dans les arbres qu’au sol.

Les binturongs se nourrissent principalement de fruits. Mais pour couvrir leurs besoins en protéines, ils complètent leur alimentation avec des insectes, des oiseaux et des charognes. On rencontre les binturongs dans beaucoup de pays d'Asie du Sud-Est, mais leur nombre est en constante diminution. Les denses forêts tropicales, leur habitat exclusif, reculent progressivement. Quant au binturong de Palawan, il est une sous-espèce endémique de l’île. Doté de dents pointues et de griffes puissantes, il cherche des asticots sous l'écorce des arbres. Son odorat développé lui permet de détecter un mets de choix à proximité. Les œufs frais sont la nourriture préférée des binturongs.

L'odorat développé du binturong lui permet de détecter un mets de choix à proximité. Les œufs frais sont sa nourriture préférée.


Le sol couvert de feuilles mortes grouille d'une population d'insectes et d'arachnides géants tel que ce scorpion à la recherche de nourriture. Il se sert de son dard venimeux pour chasser et se défendre. Son venin paralyse même de grands vertébrés et provoque une douleur extrême. Une seule piqûre suffit à entraîner la mort de ses proies de petite taille. Voici un autre habitant redoutable des sols forestiers. Ce mille-pattes, ou scolopendre, peut mesurer jusqu'à 20 cm de long. Son venin paralysant donne lieu à une douleur intense et sa morsure peut tuer des animaux beaucoup plus imposants que lui, comme des oiseaux ou des chauves-souris. Si la forêt de Palawan est peuplée d'une faune insolite, elle abrite une flore tout aussi étonnante.

Les plantes carnivores, d'une beauté mortelle

Ces feuilles en forme de cruches sont typiques des plantes carnivores. Derrière leur belle allure se cache un secret mortel. Dans les montagnes, la lisière de la forêt est extrêmement pauvre en substance nutritive. Seuls quelques végétaux peuvent y survivre. Les plantes carnivores, elles, ont opté pour une autre source de nourriture. Elles attirent et capturent leurs proies, principalement des insectes, avec leur cruche remplie d'un acide toxique. Il existe plus de 100 espèces de plantes carnivores dans le monde, mais Nepenthes philippinensis pousse exclusivement aux Philippines. Des glandes situées sur les bords de ces cruches rougeâtres secrètent un nectar sucré et odorant.

Les insectes sont irrésistiblement attirés par cette combinaison de couleurs et d’odeurs. Une fourmi qui s'aventure sur le bord d'une cruche carnivore se retrouve rapidement en situation de péril. À l'intérieur, la feuille est raide et glissante. Si l'insecte tombe dans le piège venimeux, c'est la mort assurée. Les cruches contiennent le suc digestif de la plante. De même que l'estomac d'un animal, ce liquide est extrêmement acide et renferme des enzymes de digestion. Les proies des plantes carnivores n'y survivent pas longtemps. En l'espace de quelques jours seulement, la fourmi sera digérée. Seule la carapace de chitine des insectes résiste un peu plus longtemps. Mais avec le temps, elle finit par se dissoudre aussi. C'est ainsi que la plante carnivore supplée à l'absence de substance nutritive vitale du sol de la montagne.

Les rivières souterraines du Parc national de Puerto Princesa Subterranean River

Les forêts et les montagnes ne sont que la partie visible des merveilles de Palawan. L’île recèle également des trésors enfouis au creux de la terre. Sur leur trajectoire vers la mer, certaines rivières empruntent un chemin souterrain à travers la roche calcaire. Le passage des cours d'eau a façonné un paysage de grottes spectaculaires, classé aujourd'hui au Patrimoine Naturel de l’Unesco. Il s'agit du Parc national de Puerto Princesa Subterranean River. Le site caverneux du Parc national s'étend sur plus de 24 km et possède la deuxième plus longue rivière souterraine au monde. On ignore quand et par qui les grottes ont été découvertes. Si les premiers habitants de l'île semblent déjà en connaître l'existence, ils redoutent cet univers souterrain et mystérieux.

Peut-être est-ce parce que les lieux sont colonisés par environ 40 000 chauves-souris. Les plafonds sombres des grottes leur offrent un abri sûr, inaccessible aux prédateurs. Elles peuvent y dormir toute la journée sans être importunées. Sous le massif calcaire, d’une altitude de 1000 mètres en moyenne, coule la rivière Sabang, qui se jette dans la mer de Chine. Selon les estimations des géologues, l'origine des grottes souterraines remonte à 23 millions d’années. Elles font partie de l'écosystème unique de Palawan, dont les montagnes aux pentes boisées s'étendent jusqu'au littoral.

Les varans malais, grands amateurs de crabes

Les plages de l'île sont peuplées d'espèces animales qui n'ont pas changé d'apparence depuis l'époque préhistorique. Dans les forêts vierges du littoral, on pourrait donc rencontrer des dinosaures, ou du moins quelques espèces de sauriens qui leur sont proches. Comme le varan malais, ici visiblement en pleine chasse. Ce grand lézard mesure plus de 2 mètres de long. Sur l'île de Palawan, ces animaux imposants n'ont pas d'ennemis naturels. Le bord de mer et les rivières d'eau douce leur offrent un habitat idéal. Peu exigeants, ils trouvent toujours suffisamment de nourriture. Ils mangent ce qui leur tombe sous la dent : insectes, poissons, rongeurs ou encore des œufs d'oiseaux.

Et leur territoire de chasse ne se limite pas au sol. Les varans malais sont des grimpeurs agiles et n'hésitent pas à monter jusque dans les cimes des arbres pour se nourrir. Ils sont même capables de se déplacer en sautant d'une branche à l'autre. Mais la chasse n'est pas toujours fructueuse, et une mauvaise surprise guette ce reptile qui s'apprête à regagner le sol. Si les territoires des varans malais se chevauchent de sorte que les individus se croisent régulièrement, l'animal mène en général une vie solitaire. Il ne partage pas son butin mais il le défend contre ses congénères. Ce varan préfère ne pas combattre, et s'éloigne discrètement pour explorer d'autres territoires de chasse.

Sur l'île de Palawan, les varans malais n'ont pas d'ennemis naturels. Le bord de mer et les rivières d'eau douce leur offrent un habitat idéal.


Le varan malais aime la proximité de l'eau, notamment le bord de mer. C'est un bon nageur que l'on trouve dans la plupart des îles d'Asie du Sud-Est. Sur la plage, les varans trouvent toujours de quoi se nourrir. Comme les serpents, ils sont dotés d'une langue fourchue qui leur sert d'organe de l'odorat. C'est ainsi qu'ils repèrent leur proie favorite dans le sable. La carapace du crabe ne résiste pas aux dents acérées du lézard géant. Mais ce n'est qu'un amuse-bouche, son repas ne fait que commencer. À marée basse, les crabes sortent de leur cachette pour se nourrir eux aussi, et le varan n'a plus qu'à ouvrir la bouche pour les happer. Le varan malais est beaucoup plus agile qu'il n'y paraît de prime abord. Il peut courir plus vite qu'un homme. Les crabes n'ont aucune chance de lui échapper. Rassasié, le varan se retire dans la forêt. Il est l'heure de faire une sieste pour digérer.

Les nids de salanganes, un trésor très recherché

L'homme trouve lui aussi son compte sur les côtes de l’île de Palawan. Il recherche notamment une spécialité asiatique aussi rare que difficile à atteindre. Mais ses efforts sont récompensés. Impossible d'accoster, c'est donc à la nage qu'il faudra accéder à la plage. C'est encore loin d'être gagné. Le nageur s'apprête maintenant à escalader les rochers escarpés de la côte. Une ascension à très haut risque.

Dans les fentes et cavités des récifs nichent des salanganes, petits oiseaux proches de nos martinets. Elles construisent leur nid non pas avec des brindilles ou de la mousse, mais avec leur salive mélangée à des algues marines. C'est un matériau de construction riche en protéines et très collant. Il sèche et durcit rapidement sur les parois des grottes et rochers. Les oiseaux mettent deux mois à construire un nid à partir de ce ciment qu'ils sécrètent eux-mêmes. Une fois les travaux terminés, ils s’accouplent, et la femelle pond un à deux œufs. La taille des nids ne dépasse pas les 6 centimètres de diamètre. Les nids qui ne contiennent pas encore d'œufs représentent une source de revenus très prisée par les habitants de l’île. Depuis des siècles, des hommes de la tribu Tagbanua se spécialisent dans la récolte de nids de salanganes, ingrédient de base de la soupe de nids d’hirondelles. En Asie, les précieux nids portent aussi le nom d'or blanc.

Les Tagbanua font partie des groupes ethniques les plus anciens des Philippines. Leur activité hautement périlleuse leur assure un gagne-pain confortable. Les nids de salanganes sont riches en minéraux. La médecine traditionnelle chinoise leur attribue des vertus revigorantes, stimulantes et curatives. Les nids étant rares et difficilement accessibles, leur prix au kilo peut aller jusqu'à 7500 euros. Afin de protéger les salanganes, les périodes de cueillette des nids sont réglementées par les autorités Philippines. Et bien sûr, les cueilleurs gardent secret l'emplacement des sites.

Les mangroves, véritable écosystème de marais maritime

Sur son littoral baigné par la mer de Chine méridionale, Palawan est aussi dotée d'un des écosystèmes les plus complexes aux Philippines, les mangroves. Dans ces marécages, la rencontre de l'eau salée et de l'eau douce forme un écosystème unique habité par des espèces hautement spécialisées. La flore doit s'adapter à un sol vaseux en perpétuel renouvellement et extrêmement pauvre en oxygène, ainsi qu'à la forte teneur en sel de l’eau. Mais la Nature a tout prévu. Les palétuviers, arbres de la mangrove, possèdent des racines aériennes qui émergent à la surface de l'eau et leur permettent de respirer. La vase se dépose et s’accumule dans cet enchevêtrement de racines. Peu à peu se forme ainsi une nouvelle terre ferme. Le sol abrite une faune nombreuse et représente un terrain de chasse très apprécié de l'homme.

La flore doit s'adapter à un sol vaseux en perpétuel renouvellement et extrêmement pauvre en oxygène, ainsi qu'à la forte teneur en sel de l’eau.


Les habitants de Palawan trouvent dans la mangrove des spécialités exotiques typiques de leur île. L'un des plats préférés des insulaires est un mollusque vermiforme, le taret ou tamilok comme on l'appelle aux Philippines. Il vit dans les racines mortes des palétuviers. La chasse au taret n'est pas une mission facile : il faut explorer la vase profonde. Voici les indices qui ne trompent pas : la proie convoitée laisse derrière elle des galeries creusées dans le bois mort. Ailleurs dans le monde, le tamilok des Philippines est également connu sous le nom de taret naval. Sa réputation inspire la crainte depuis des siècles. En grignotant la coque en bois des voiliers, il a causé plus d'un naufrage par le passé. Les racines en décomposition cèdent immédiatement sous les coups de hache et la chasse se révèle fructueuse. Aux Philippines, la plupart des restaurants servent les tamiloks dans une marinade épicée mais les vrais spécialistes les préfèrent nature. Tout frais, sortis du bois. Requinqués, les chasseurs peuvent continuer leur chemin. Les mangroves leur offrent une véritable réserve de fruits de mer.

Les macaques crabiers, ingénieux et hiérarchisés

À environ 550 km à l’est de Palawan se situe l’île de Bohol. Ici, les mangroves représentent le terrain de chasse favori de nos proches cousins, les macaques à longue queue. En troupe, ils se rendent régulièrement sur les côtes maritimes bordées de mangroves. Ils y trouvent leur nourriture de prédilection, plutôt atypique pour un régime de singe. Les macaques à longue queue sont répandus dans toute l'Asie du Sud-Est. Ils vivent dans les forêts et apprécient la proximité de l’eau. Dans les mangroves, les cimes des palétuviers ne leur offrent que de maigres repas. En revanche, le sol à marée masse constitue un garde-manger plus généreux. En descendant des arbres, la prudence est de mise. Certaines racines aériennes sont pointues comme des aiguilles et peuvent causer de profondes blessures. Mais le risque en vaut la peine. Les singes trouvent toujours de quoi se régaler. Par exemple, des fruits mûrs, lavés rapidement dans l'eau salée. Un délicieux en-cas prêt pour la dégustation.

Mais les macaques de Bohol ne se déplacent pas seulement pour les fruits. Ils raffolent surtout d'un menu dont ils portent le nom, car les singes sont aussi appelés macaques crabiers. Attraper un crabe, c'est une chose. Le manger en est une autre. Et comme les petits crustacés sont très convoités, ce macaque préfère chercher un endroit sûr où il pourra déguster sa proie en toute tranquillité. Avec ses doigts agiles, il fait craquer la carapace et se délecte de la chair tendre et riche en protéines. Un jeune congénère affamé le regarde, fasciné, puis décide d'imiter son aîné. Mais la chasse au crabe nécessite beaucoup d'entraînement. Pour acquérir la bonne technique, le macaque doit passer par un apprentissage frustrant et souvent douloureux. Certains ont plus de chance que d’autres. Les doigts endoloris, le jeune singe se décourage.

Les macaques sont dotés d’une grande capacité d’adaptation. Ils peuvent s'acclimater aux écosystèmes les plus variés, des forêts enneigées aux îles tropicales. Après l'homme, ce sont les primates les plus ingénieux et les plus répandus sur Terre. Le festin est suivi d'un moment de repos et de convivialité. La société des macaques est régie par une hiérarchie stricte. Pour l'épouillage mutuel, les rôles sont clairement définis. Ce rituel d'hygiène corporelle ne vise pas seulement à éloigner les parasites, mais aussi à consolider les liens et à asseoir l'autorité. Rassasiée et épouillée, la troupe de singes est prête à repartir. Le véritable habitat des macaques crabiers se trouve à l'intérieur de l’île, au milieu d'un paysage unique aux Philippines, les Chocolate Hills. Les collines de chocolat de Bohol.

Cette formation géologique au cœur de l’île se caractérise par plus de 1200 collines en forme de cône. Elles sont quasiment identiques, mise à part leur hauteur, qui varie pour la plupart de 30 à 50 mètres. L'origine de ce paysage insolite est nimbée de légendes. Il s'agirait des larmes d'un dragon en deuil. Ou encore de tumulus construits par l’homme à l'image des pyramides. D'un point de vue géologique, ces cônes de roche calcaire résultent simplement de l'érosion. À la suite du déboisement subi au cours du dernier siècle, les collines se sont revêtues d'une herbe particulière. Pendant les périodes de sécheresse, cette herbe prend une couleur marron chocolat, d'où le nom de Chocolate Hills.

De la chenille au grand planeur, une remarquable transformation

Au pied des collines pousse une forêt d'une riche biodiversité, habitée par des espèces fascinantes. Comme cet insecte qui montre une curieuse préférence pour les plantes toxiques. Voici la chenille d'un futur grand planeur en train d'escalader sa plante nourricière préférée, un dipladenia. Afin de ne pas se faire dévorer par les insectes, les dipladenias stockent des substances toxiques dans leurs feuilles. Mais la stratégie de dissuasion ne fonctionne pas toujours. Pour la chenille du grand planeur, les feuilles n'en sont que plus alléchantes. À faible dose, le poison, au lieu de tuer la chenille, lui sert au contraire de protection contre ses propres prédateurs. Ainsi, l'insecte adopte le système d'autodéfense de la plante. Au bout de deux semaines, le poids de la chenille a doublé.

Elle peut maintenant se métamorphoser en chrysalide. Elle se suspend par ses crochets postérieurs à un fil de soie qu'elle a elle-même produit. L'étape suivante est un miracle de la nature. Les enzymes sécrétées par le corps de la chenille vont entièrement désintégrer ses tissus. Le processus commence par la mue de la chenille et l'apparition de la chrysalide. Au début, la chrysalide et tendre comme une peau. Mais elle durcit rapidement pour former un cocon résistant et protecteur. Dans la chrysalide, la chenille se transforme en un animal nouveau d'une toute autre nature. La peau, la chair et la plupart des organes internes se liquéfient puis se recomposent de manière entièrement différente. La métamorphose dure deux semaines. Ensuite, le papillon est prêt à quitter le cocon.

Protégé par un poison végétal, le grand planeur échappe aux nombreux prédateurs, ce qui lui vaut en Asie le surnom de papillon du bonheur.


Avec une envergure de 10 cm, le grand planeur est l'un des papillons les plus spectaculaires des Philippines. Dans le cocon devenu étroit, les ailes du papillon sont repliées autour de son corps. Bientôt, il pourra les déplier et ils durciront à l'air et au soleil. Il pompe du sang dans ses ailes encore molles et se prépare pour son premier vol. Mais sa liberté aura été de courte durée. Le papillon est déjà capturé par une habitante de la forêt. Cette araignée orbitèle a tissé une toile d'un mètre de diamètre. Un piège quasiment invisible pour les insectes volants. Prisonnier, le grand planeur est une proie sans défense.

Mais il lui reste peut-être un espoir. Visiblement, il ne convient pas au goût de l’araignée. Les toxines du dipladenia, ingérées par le papillon durant sa vie de chenille se révèlent efficaces. Elles rendent le grand planeur inconsommable. L'araignée finit même par libérer son prisonnier. C'est pour elle le seul moyen de pouvoir réparer sa toile afin qu'elle redevienne un piège efficace. Protégé par un poison végétal, le grand planeur échappe aux nombreux prédateurs, ce qui lui vaut en Asie le surnom de papillon du bonheur. Quant à l'araignée orbitèle, elle espère tomber sur une proie plus digeste.

L'étonnant ballet lumineux des coléoptères

Sur l’île de Bohol, les papillons du bonheur ne sont pas les seuls insectes prodigieux. Ce palétuvier, du genre des sonneratia, subit une invasion de coléoptères. Les insectes qui l'assiègent en masse grignotent des trous dans ses feuilles. Si les petits prédateurs passent quasiment inaperçus la journée, il en est autrement la nuit. Dans l'obscurité, ils produisent d'innombrables petits scintillements. Ces redoutables ravageurs sont des insectes luisants. En brillant dans la nuit, les mâles signifient qu'ils sont à la recherche d'une partenaire. Ils émettent une lumière froide qui résulte de la réaction chimique entre des enzymes et une substance appelée la luciférine. Curieusement, les mâles synchronisent leurs signaux lumineux. Serait-ce pour impressionner les dames coléoptères ? Une chose est sûre, leur spectacle extraordinaire fait de l'ombre aux étoiles.

Le tarsier, un petit primate qui fait les gros yeux

Lorsque le scintillement des insectes luisants commence à faiblir, le plus insolite des prédateurs des Philippines sort de sa cachette. Le tarsier des Philippines mesure seulement 12 à 13 centimètres. Il tient dans la paume d'une main. Il est le plus petit primate au monde et pèse au maximum 150 g. Mais proportionnellement à son corps, il possède les plus grands yeux de tous les mammifères. Son acuité visuelle est exceptionnelle. Ce grillon, pourtant bien camouflé dans le branchage, n'est pas en sécurité, car le tarsier dispose aussi d'une ouïe très fine. Il a localisé le grillon avec exactitude et prépare une attaque subite. Sa proie ne lui échappera pas.

Le tarsier des Philippines est le seul primate exclusivement carnivore. Il se nourrit principalement d’insectes, mais aussi de petits vertébrés comme des oiseaux ou des lézards. Le grillon donne une idée de la petite taille du tarsier, et de sa très grande faim. Avec ses doigts préhensiles, le tarsier s’agrippe parfaitement aux branches des arbres tout en mangeant et en surveillant les environs. Il a les yeux plus grands que le cerveau et que l’estomac. Ancrés dans les orbites, ses globes oculaires ne bougent pas. Mais cet animal particulier peut effectuer une rotation à 180° avec sa tête comme la chouette. Un avantage qui facilite la capture de ses nombreuses proies. Pour l'immense appétit du tarsier, le grillon n'était qu'un amuse-bouche. Lorsqu'il chasse, il se déplace en effectuant de grands sauts, propulsé par ses immenses pattes de derrière et ses longs tarses. Il atterrit avec précision sur les branches, tout près de sa proie. La nuit est encore longue. Et pour ce petit prédateur, la partie de chasse ne fait que commencer.

Les îles des Philippines ont su préserver en grande partie leur caractère sauvage. Leurs forêts, rivières, montagnes et côtes maritimes forment un écosystème exceptionnel. L’immense archipel abrite une faune et une flore parmi les plus variées et constitue un biotope unique au monde.

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Présentation du documentaire en vidéo
Carte des Philippines Carte des Philippines
L'île de Palawan Ile de Palawan
Le binturong de Palawan Binturong de Palawan
La rivière souterraine Sabang Rivière souterraine Sabang
Un varan malais Varan malais
Un varan à la chasse aux crabes Varan malais à la chasse
Plages et forêts sur Palawan Plages et forêts à Palawan
Cueillette des nids de salanganes Cueillette des nids de salanganes
Un écosystème complexe : la mangrove Mangrove
Macaque à longue queue Macaque à longue queue
Un crabe, nourriture favorite des macaques Un crabe dans la mangrove
Les Chocolate Hills, ou collines chocolat Chocolate Hills
Chenille prête à se transformer en chrysalide Chenille chrysalide
Papillon grand planeur, prêt à s'envoler Papillon chrysalide
L'araignée libère le papillon du bonheur Papillon du bonheur
Le ballet lumineux des coléoptères Ballet des coléptères
Un tarsier des Philippines Tarsier des Philippines
La végétation luxuriante des Philippines La végétation des Philippines
 
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